Amis auditeurs bienvenus
Autrefois, les jeunes s’initiaient à la vie par l’école, la famille, quelques confidences chuchotées dans une cour de récréation. Il fut un temps où une jeune fille regardait ses boutons d'acné dans le miroir, pas dans la caméra frontale.
Aujourd’hui, les jeunes ont troqué les journaux intimes contre les stories Instagram et Facebook. Les regards complices contre les likes mécaniques,et la pudeur contre les vues tiktok. Amis auditeurs bienvenus dans l'arène 2.0 , où l'obscénité n'est plus un tabou mais un atout. Là où se dénuder devient une stratégie de communication. Oui amis auditeurs, danse à moitié nu, secoue ton postérieur, et tu verras les likes et les vues.
l’éducation passe par TikTok, Snapchat, et Instagram. Fini les conversations gênées avec les parents sur “les choses de la vie”; désormais, ce sont des influenceurs au vocabulaire douteux et des vidéos au cadrage douteux qui font office de formateurs certifiés.
Le sexe jadis murmuré, est désormais crié en HD. On ne déclare plus sa flamme à la récréation : on like seulement et le tour est joué. A 16 ans , certains adolescents connaissent déjà toutes les positions du Kamasutra, mais chose paradoxale, ils peinent à écrire un petit texte sans faute. On découvre à 14 ans le Revenge porn, à 13 ans le chantage affectif par nude, à 11 ans les insultes en messages vocaux, le tout dans un monde où la sexualité est une performance. Avec les réseaux on ne cache plus ses délits, on les exhibe, espérant secrètement décrocher le Graal : devenir viral. Les réseaux, avec leur douce hypocrisie de plateformes " d'expression libre" agissent comme de brillant
pédopsychiatres de l'Apocalypse. Ils enseignent aux aux jeunes ce que l'école avait naïvement oublié de leur apprendre : comment sexualiser une danse au rythme d'un beat viral et surtout, comment transformer chaque transgression en opportunité de buzz.
Tout cela serait presque drôle si ce n'était pas tragique. Car derrière les filtres et les likes, ce sont des enfances écourtées, des identités floues et des jeunes perdus dans un monde adulte auquel ils n'appartiennent pas encore.
Offrir un smartphone à un adolescent aujourd’hui, c’est comme lui donner un passeport pour un monde parallèle sans douane, sans couvre-feu, et surtout… sans contrôle parental.
Les parents ? Certains croient que “Snapchat” est une nouvelle boisson énergétique. D’autres s’étonnent que leur fille de 13 ans ait 4 000 abonnés sur TikTok et YouTube alors qu’elle ne connaît même pas les membres de sa famille élargie.
Le problème n’est pas Internet. Le problème, c’est le désert d’encadrement autour. Les jeunes sont connectés, mais déconnectés de tout cadre, de tout repère, de toute limite. On leur donne un outil puissant sans formation ni règle d’usage. Et on s’étonne ensuite qu’ils s’en servent comme une arme.
Peut-être serait-il temps que les parents, les éducateurs, les responsables s’invitent dans le monde virtuel des jeunes, non pour contrôler, mais pour accompagner. Parce que dans cette jungle numérique, laisser un ado seul, c’est comme le laisser conduire une voiture de course… les yeux bandés.
A jeudi prochain