Amis auditeurs bienvenue.
Bienvenue à Djougou, perle du Nord, carrefour commercial, ville historique mais aussi une ville ensevelie sous ses propres ordures en période de pluie.
À Djougou, la saison des pluies n’est pas seulement une bénédiction agricole. Elle est aussi le révélateur cru de nos défaillances en matière d’hygiène et d’assainissement. Quand les premières gouttes frappent le sol, c’est toute la ville qui retient son souffle, ou plutôt, qui cherche désespérément de l’air frais dans une atmosphère saturée d’odeurs pestilentielles.
Les rues, autrefois poussiéreuses et craquelées par la sécheresse, se transforment en marécages urbains. Les caniveaux, obstrués par des mois de négligence, vomissent un mélange douteux de déchets plastiques, de feuilles mortes et de liquides aux origines incertaines. Les flaques deviennent des piscines improvisées pour moustiques, et les trottoirs, quand ils existent, cèdent la place à des rivières boueuses où pataugent piétons et bétail. C'est presque devenu une tradition locale, un rendez-vous entre la nature et le non-sens humain. Une pluie tombe, et aussitôt ; Djougou dévoile sa face cachée : son carnaval d'ordures. Un véritable défilé de sachets, de boîtes de conserves, de couches usées, bref un musée à ciel ouvert de l'incivisme ordinaire.
Ce manque chronique d’assainissement n’est pas une surprise : il est le fruit d’années d'incivisme et de citoyenneté fragmentée.
Incivisme et citoyenneté fragmentée,
Oui amis auditeurs parlons-en.
Les caniveaux censées évacuer l'eau, ont été reconverties, sans appel d'offre, en poubelles de proximité par les populations. Avec ces populations l'ordure est libre comme l'air qu'elle pollue. Des restes de repas, des bouts de pneus, tout! je dis bien tout atterri dans les caniveaux.
Jeter les ordures dans une poubelle ? Non trop banal, voire même trop civilisé. Pourquoi faire simple quand on peut faire sale ?
Et pourtant des structures de pré-collecte existent. Oui des jeunes, des associations, des ONG très dévoué ! Il suffit juste de s'abonner !
Mais hélas à quoi bon payer quand on peut déposer ses ordures discrètement à 2 heures du matin dernière une école, un hôpital, dans un caniveaux ? L'esprit de débrouillardise est art. Et payer pour jeter, c'est contre la philosophie de l'économie locale. Si c'est sale c'est gratuit.
Le plus ironique ? C'est qu'on trouve ça normal dans le rang des populations. Mais on râle quand ça déborde, on rit jaune quand les odeurs montent. Non soyons sérieux !
Cher ami auditeur ne trouves-tu pas que pour notre image et l'image de Djougou, chef lieu du département, que nous changions de paradigme ?
Une ville propre commence dans la tête. Tant que jeter des ordures dans le caniveau, où derrière les écoles est vu comme normal, rien ne changera. Il faut parler, expliquer, marteler, punir même, s'il le faut.
De façon concrète, quand on touche au porte-monnaie, les habitudes changent. Il il faut des amendes dissuasives pour dépôt sauvages, il faut responsabiliser les chefs quartier, oui ça fait mal et c'est une tâche de plus, mais cela en vaut la peine. En plus il faut encourager la pré-collecte, subventionner les structures locales, organiser des tournées régulières, rendre l'abonnement attractif et obligatoire. Un plan d'assainissement digne de ce nom : curage régulier des caniveaux, implication des élus à tous les niveaux.
Djougou ne mérite pas ce spectacle honteux que nous voyons à chaque fois qu'une pluie tombe, Djougou mérite d'être cette ville qui sent la vie , cette ville qui attire, capte et inspire.
A jeudi prochain.